de limo terrae plasmavit hominem Deus et inspiravit in faciem eius spiritum vitae – Ici, comme en de nombreux endroits dont NatV 4, 7 (SC 480, p. 274, l. 17), Bernard s’inspire soit du répons Formavit Dominus des matines de la Septuagésime (où on lit Fecit Deus caelum et terram et plasmavit in ea hominem), soit de l’un ou l’autre Père : on trouve plasmavit chez Ambroise, le Pseudo-Ambroise, Jérôme, le Pseudo-Augustin. Dans ces allusions à la création de l’homme, Bernard donne souvent à Dieu le nom, purement patristique, de Plasmator et à Adam et Ève celui de protoplasti. Il utilise aussi souvent formare, avec Vg, ainsi que forma. Il remplace limus de Vg par lutum (boue), que l’on trouve aussi chez Ambroise et Jérôme pour ce verset, et de même spiraculum (vitae) par spiritum (vitae), plus fréquent chez les Pères (Ambroise, Rufin, Jérôme, Augustin surtout). – Jean Figuet (n. 1)

Nequaquam moriemini? – Bernard omet morte : all AdvA 2, 4 (SC 480, p. 130, n. 3). Le rapprochement nequam – nequaquam est un jeu de mots qui se trouve aussi dans Pre 39 (SC 457, p. 232, l. 4). C. Friedlander a signalé en note que le conseil fourbe « Pas du tout ! » (nequaquam) était « pour les auteurs cisterciens le mot par excellence du diable », le Mauvais, nequam. En Pre 39 (SC 457, p. 232, n. 1), Bernard insiste sur le jeu de mots : les termes en sont répétés ; l’ « appellation de Mauvais » dit ce qu’il est ; il n’est ni véridique ni bon, donc « pas bon du tout ». Ici, la présentation est dramatisée, les deux mots s’entrechoquent, l’affirmation du Menteur devient question sans appel à lui adressée : « Où est... ? » ; le passage se clôt sur le fait aussi universel que banal qu’est la condition mortelle de l’homme. – Jean Figuet (n. 2)

pecuniam, quae latebat – A partir du mot « sac », la dernière phrase évoque le Ps. 29, 12, l’épisode du sac de Benjamin en Gen. 42-44 et enfin, par Judas frère et caution de Benjamin, le sac des trente deniers payés à Judas pour sa trahison. Ce thème patristique se retrouve presque terme à terme dans EpiA 1, 2 (infra, p. 140, l. 2 – p. 142, l. 6) ; EpiA 2, 1 (infra, p. 162, l. 15 – p. 164, l. 17) ; Asc 4, 1 (SBO V, p. 137, l. 17 – p. 138, l. 2). Dans tous ces passages, Bernard lie le souvenir de la Passion au « Dieu vivant », à la « plénitude de la divinité », au « Christ qui ressuscite », à la « joie de la Résurrection ». – Jean Figuet (n. 1)

Apparut benignitas et humanitas Salvatoris nostri Dei – Constamment (7 fois sur 7), Bernard cite les termes de l’épître de la messe de l’Aurore à Noël, avec les légères adaptations effectuées par la liturgie au début du texte afin de le couper – Jean Figuet (n. 2)

intempestae noctis hora – Bernard emploie cette formule, ou une formule voisine, en se référant, plutôt qu’au texte des Rois, à la Vie de S. Benoît par Grégoire, Dialogues II, 35, 2 (SC 260, p. 236, l. 19) – il s’agit ici d’un emprunt littéral. C’est, de la part de Bernard, l’expression favorite d’une expérience religieuse profonde. – Jean Figuet (n. 2)

dies sanctificatus illuxit – Cf. NatV 5, 4 (SC 480, p. 294, n. 1).

A saeculo, ait Propheta, et insaeculum tu es Deus – L’un des deux emplois de ce verset, identique au graduel du 21e dimanche après la Pentecôte, Domine, refugium. – Jean Figuet (n. 3)

nemo mundus a sorde – Cf. NatV 4, 5, SC 480, p. 270, n. 1.

paulo minus ab angelis minoratum – Bernard emploie 17 fois ce texte, dont 3 fois en le citant. Parmi les quelques mots bibliques à partir desquels il tisse son propre texte, il y a toujours minorari, « s’abaisser », ajouté ou substitué à minuisti. Minoratus se trouve seulement dans Hébr., alors que minuisti se trouve à la fois dans Hébr. et Ps. La visée théologique du texte s’apparente le plus souvent à la portée de l’Épître, même si, 3 fois, Bernard nomme le Psalmiste, David ou le Prophète, qui tous désignent le psautier, et non Paul. Ce texte-ci, dans ce sermon pour Noël, met en œuvre le vocabulaire et les idées de Bernard sur le Verbe incarné. – Jean Figuet (n. 2)