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  • I. QUESTIONS MÉTHODOLOGIQUES1

    A. Biais liés à l’extension et la qualité du corpus des références

    1. Extension et qualité du corpus patristique

    À terme, BiblIndex permettra des recherches dans toute la littérature patristique, sur des données fiables et comparables entre elles. Pour l’heure, restent à lever un certain nombre de difficultés.

    En premier lieu, le corpus n’est encore ni exhaustif ni homogène. Les données disponibles localement à Sources Chrétiennes fin 2013, sur lesquelles reposent toutes les analyses présentées ici, sont l’assemblage composite des données héritées du CADP (voir "Historique du projet") : pour rappel, 

    • 270.000 références vérifiées et homogènes pour Philon d’Alexandrie ;
    • l’intégralité des œuvres patristiques grecques et latines des trois premiers siècles et une partie de celles du ive siècle ;
    • 100.000 autres données numérisées, dont on peut penser qu’elles avaient fait l’objet du même processus de validation que les précédentes, mais non encore publiées, concernant principalement Athanase d’Alexandrie, Jérôme, Jean Chrysostome et Procope de Gaza  ;
    • environ 400.000 autres références, non vérifiées, saisies à partir des archives papier du CADP, références issues de corpus variés, rédigés entre le ive et le xie siècle.

    Pour ce qui est des auteurs majeurs du ive siècle, on peut considérer qu’on approche de l’exhaustivité ; pour le ve siècle, Cyrille d’Alexandrie et Théodoret de Cyr ont été intégralement traités, ce qui est également le cas pour des auteurs plus tardifs comme Grégoire le Grand (vie s.) ou Maxime le Confesseur (viie s.). De nombreuses chaînes ont été dépouillées: dans la mesure du possible, chaque fragment a été rendu à son auteur présumé.

    Le corpus est sans cesse en évolution au fur et à mesure des saisies – et de toute façon, même lorsqu’il sera à peu près stabilisé, l’impossibilité d’accéder aux citations des œuvres perdues faussera toujours les calculs de proportions: aussi ne seront jamais donnés que des ordres de grandeur. Dès qu’on travaille sur un corpus précis, il convient de vérifier si les œuvres désirées sont bien présentes (voir "Corpus patristique").

  • 2. Hétérogénéité des méthodes de relevés de citations

    Différents facteurs de pondération des résultats, liés à l’analyse des données elle-même, doivent également être pris en considération.

    Le premier est la variété linguistique : la teneur du texte biblique utilisé, compte tenu des différences de chaque version, peut induire des différences de recours au texte d’une langue à l’autre, par exemple si le texte est mutilé dans une langue et pas dans l’autre, ou s’il est moins diffusé. Ce phénomène engendre un risque d’erreur qui sera corrigé automatiquement dans BiblIndex grâce aux correspondances fines qui ont été établies entre tous les versets ou sous-versets des Bibles anciennes.

    Le deuxième est, pour le moment, le déséquilibre du corpus en faveur du grec (voir "Développements à venir").

    Une troisième difficulté est l’obligation de travailler à partir de données hétérogènes. Outre qu’elles ont fait l’objet, comme indiqué ci-dessus, de vérifications de degré différent, les données sont sous-tendues par des conceptions variables de la référence biblique, biais que même les consignes précises du CADP n’ont pas entièrement éradiqué: dès lors qu’il ne s’agit pas de citations littérales, chaque analyste a sa conception de l’allusion… Ajoutons à cela quelques divergences méthodologiques possibles: certains analystes, dans les archives papier, ont indiqué les parallèles intrabibliques comme de nouvelles références ; dans le cas des plages de versets continues, certains ont comptabilisé une référence par verset, d’autres une par plage ; les lemmes de commentaires ont généralement été notés, mais pas toujours. Un des problèmes les plus gênants concerne la reprise multiple d’un même texte au sein d’un paragraphe : le chercheur aura tendance à ne voir là qu’une unique citation, développée, alors que le relevé systématique comptabilise chaque nouvelle occurrence du texte cité.

    3. Déficiences de la typologie de base

    Le caractère non objectif de la distinction entre citation et allusion – quand cette information, utilisée en partie par le CADP, est disponible – la première ayant parfois de larges points d’accroche textuels avec le référentiel biblique, la seconde pas toujours, n’est pas un critère de tri suffisant.

    Pour évaluer le poids réel de l’occurrence d’un verset, il faudrait pondérer les chiffres bruts par une analyse fine du rôle du verset dans le texte: s’agit-il d’un terme cité en passant par analogie de sonorité; d’une articulation essentielle dans le fil d’une argumentation; d’un lemme, verset commenté pour lui-même ? On ne peut pas non plus faire l’économie d’une caractérisation des contextes et modalités d’insertion. Bref, le détail de ce que nous mettons en place dans l’encodage TEI est indispensable pour affiner les études statistiques aussi.

  • B. Biais liés aux référentiels bibliques

    1. Incidence du découpage en versets

    Le découpage en versets, postérieur aux œuvres étudiées, risque de projeter des questionnements modernes sur les œuvres. Quand les internautes utilisateurs de BiblIndex font des requêtes, elles sont généralement formulées ainsi : où, dans tel corpus patristique, trouve-t-on tel numéro de verset ? Ou bien tel numéro de verset avec aussi tel autre numéro de verset ?

    Or bien souvent, cette unité « verset » n’est qu’une approximation pour l’auteur. Pour les citations longues continues, l’approximation est faible car les données contiennent des plages de versets. Mais les difficultés surviennent lorsque plusieurs extraits de versets discontinus sont utilisés, ou tout simplement des parties de versets, ce qui est le cas très largement majoritaire chez beaucoup de Pères. Ainsi, on peut affirmer à la fois que Bernard cite tous les livres de l’Ancien Testament, mais qu’il ne cite qu’1/15 de ses mots. Qu’il cite 33 fois Malachie 4, 2, alors qu’il utilise seulement l’expression sol iustitiae.

    2. Incidence des choix de granularité biblique

    Selon l’étendue de référentiel biblique choisie par le chercheur, les résultats peuvent donner lieu à des interprétations différentes. On en verra un exemple particulièrement clair avec les occurrences du livre de la Genèse chez Irénée. Si l’on veut mener des études thématiques à partir de telle ou telle expression de certains versets, les résultats par numéro de verset ne permettent pas d’éliminer le « bruit » causé par les autres portions du verset.

    Les réserves méthodologiques à énumérer sont donc très nombreuses. Les statistiques sont extrêmement précieuses pour donner des vues d’ensemble, des points de comparaison, pour orienter les recherches vers tel ou tel lieu plus signifiant, intrigant. Mais elles ne sauraient suffire à rendre compte de façon juste de ce qu’était la Bible d’un auteur.

  • II. LES REFERENTIELS BIBLIQUES UTILISES DANS BIBLINDEX2

    Pour élargir le plus vite possible son corpus, Biblia Patristica avait choisi d’utiliser un référentiel biblique unique, une Bible composite ainsi constituée :

    • les livres de la Bible hébraïque dans l’édition de la BHS pour l’Ancien Testament ;
    • ceux de l’édition Nestle-Aland pour le Nouveau Testament ;
    • ceux de la LXX dans l’édition de Rahlfs pour neuf textes n’appartenant pas au canon hébraïque : 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Tobie, Judith, Baruch 1-63, les additions grecques aux livres d’Esther et de Daniel.

    La Vulgate et la Vieille Latine n’ont pas été prises en considération. Et c’est la numérotation de la Bible de Jérusalem qui a été systématiquement utilisée.

    A. Multilinguisme

    Les données de référence ont donc été définies non à partir des objets à étudier, mais bien à partir des contraintes de l’analyste moderne : alors que les frontières du canon utilisé par les Pères étaient variées et fluctuantes, le recours à cette Bible composite résultait d’un compromis entre chercheurs des temps actuels. C’était plus pratique d’utiliser un référentiel unique, même s’il était par certains aspects inadapté. Cependant, il paraît nécessaire de rapporter les citations faites en différentes langues anciennes à des référentiels bibliques différents. Même dans une œuvre donnée, on peut trouver des renvois à des sources bibliques multiples: que l’on songe par exemple à Jérôme, qui utilise des textes hébreux, grecs et latins.

    Tout comme Biblia Patristica, BiblIndex doit fournir à ses analystes des référentiels bibliques commodes à utiliser, pour qu’ils puissent donner des références facilement identifiables par les lecteurs modernes de la Bible. Cependant, le même problème se pose que celui auquel le Thesaurus Linguae Latinae a été confronté en utilisant des textes reconstitués repris de l’édition de la Vetus Latina : une édition de référence ainsi construite demeure une forme du texte inconnue des Pères qui citent la Bible. Ces référentiels ne sont en rien normatifs et n’ont pas plus d’existence réelle pour les Pères que la Bible de Jérusalem, même s’ils constituent une meilleure approximation. Il n’est bien sûr pas question de « référer » Cyprien à la Vulgate, mais simplement, en lisant le texte biblique de Cyprien, de noter ce qui le distingue de la Vulgate. À défaut de pouvoir s’appuyer sur le texte biblique que les Pères lisaient effectivement, la fonction des référentiels bibliques est de rapporter, provisoirement, tout texte patristique à un point de comparaison partagé.

    Dans la mesure où le texte même des citations patristiques sera progressivement intégré à la base de données, on pourra à terme reconstituer la Bible de tel ou tel auteur et le cas échéant définir de nouveaux référentiels, en fonction de l’intérêt de la recherche. On pourra par exemple comparer la Bible de deux auteurs, ou d’un auteur à différentes périodes de sa vie; reconstituer à partir de plusieurs auteurs le texte d’une zone géographique sur une période donnée, etc. Mais cette phase idéale ne sera atteinte que lorsqu’un nombre très conséquent de textes auront été analysés et intégrés au corpus de BiblIndex. Ajoutons que le recours aux référentiels bibliques permet, dans cette première phase du projet, d’intégrer à la fois des textes analysés à nouveaux frais et des listes de références révisées à partir d’apparats scripturaires ou des archives disponibles, condition sine qua non pour que le corpus traité puisse augmenter significativement.

    Dans un premier temps, outre les traductions en langues modernes – la nouvelle TOB pour le français, la New Revised Standard Version (NRSV) avec les livres deutérocanoniques/apocryphes pour l’anglais – qui ne serviront que dans l’interface de consultation, cinq référentiels bibliques seront proposées. Chaque texte analysé sera rattaché à un référentiel biblique dans la même langue (possibilité étant donné d’en choisir ponctuellement une autre dans les cas de citations en langue étrangère par l’auteur) :

    • La BHS pour les textes en hébreu ;
    • La Septante de Rahlfs et le NT de Nestle-Aland pour les textes grecs ;
    • La Vulgate (éd. Weber-Gryson) pour les textes latins ; 3-4 Maccabées dans l’édition de la Septante ;
    • La Peshitta dans l’édition de Leyde et le Nouveau Testament Syriaque pour les textes syriaques ;
    • La Bible de Zohrab (Venise, 1805), réimprimée récemment pour les textes écrits directement en arménien (disponible ultérieurement).

    Pour les versions arméniennes de textes grecs et syriaques, on prendra comme référence la Bible du texte source quand on la connaît, Septante ou Peshitta, ne mentionnant qu’il s’agit d’une traduction.

    (voir "Crédits des textes")

  • B. Numérotation des versets

    Par ailleurs, il y a plusieurs raisons qui interdisent de n’utiliser qu’une seule Bible de référence :

    • Certains livres, canoniques ou non, ou parfois certains chapitres, ne sont pas inclus dans certaines Bibles: les deutérocanoniques dans la Bible hébraïque; les apocryphes dans les Bibles grecques et latines, etc. ;
    • Des versets diffèrent selon les versions, ou sont absents de certaines Bibles : par exemple, de nombreux versets du texte massorétique ne figurent pas dans la Septante, comme 1R 6, 11-13, et inversement, Dn 3, 24-90 est absent du texte massorétique, etc. ;
    • L’ordre des livres, la numérotation de leurs chapitres ou de leurs versets change d’une Bible à l’autre. Par exemple, un verset d’une Bible peut être équivalent à 2 ou 3 versets dans une autre: Ex 39, 41-43 (TM) = Ex. 39, 18.22.23 (LXX); Nb 26, 15-47 (TM) = Nb 26, 24-27.15-23.32-47.28-31 (LXX), etc.

    C’est pourquoi nous avons mis en place dans BiblIndex un système permettant de basculer automatiquement de la numérotation d’une Bible vers une autre. Ainsi, chaque analyste ou chaque utilisateur de la base de données pourra choisir le référentiel biblique le moins éloigné du texte patristique qu’il étudie.

    Par commodité, nous avons conservé le verset comme unité de base: il fallait pouvoir faire une recherche par numéro de verset dans BiblIndex. À terme, on pourra aussi effectuer des recherches par mots-clefs dans le corpus.

    C. Deutérocanoniques et apocryphes

    D’après les directives de Biblia Patristica, les citations des livres appelés aujourd’hui deutérocanoniques, voire apocryphes, les plus utilisés par les Pères auraient dû être relevés. Dans la pratique, seuls 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide, Tobie, Judith, Baruch 1-5 (et 6 ?), les additions grecques aux livres d’Esther et de Daniel ont été pris en compte.

    Pour BiblIndex, le critère de sélection des textes est le suivant : à partir du moment où l’on sait qu’un texte a été considéré comme faisant partie des Écritures par un Père à un moment donné, il est pertinent de relever ses occurrences. Notre compilation de référentiels bibliques inclut donc pour chaque langue tous les textes répondant à ce critère, indépendamment des limites des éditions modernes.

    Outre le Psaume 151, la Prière de Manassé, 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, le Prologue du Siracide qui n’avaient pas été considérés par Biblia Patristica malgré leur présence dans les éditions modernes de la LXX ou de la Vulgate, ont d’ores et déjà été inclus les textes suivants, qui appartiennent à certains canons bibliques (liste non définitive) :

    • Les Psaumes de Salomon, les Odes (grec, syriaque) ;
    • La Lettre aux Laodicéens (latin) ;
    • Les Psaumes 152-155, 2 Baruch, la Lettre de Baruch, l’Apocalypse de Baruch, l’Apocalypse syriaque d’Esdras (syriaque) ;
    • La 3e Lettre aux Corinthiens (arménien).

    Il conviendra également d’ajouter des livres qui ne sont entrés dans aucun canon, mais que les Pères ont pu un temps considérer comme bibliques, comme le Pasteur d’Hermas. Cette décision d’élargissement du champ des textes bibliques à rechercher n’a pas encore eu d’effet rétrospectif, mais sera mise en œuvre dans les analyses à venir, et progressivement appliquée aux textes déjà traités.

    Quant aux citations explicites que l’on ne peut repérer dans aucun texte connu, comme les agrapha (paroles de Jésus qui sont dans ce cas), leurs textes seront classés dans BiblIndex sous le sigle OBNI (objet biblique non identifié).

  • 1.↑ Sur ces sujets, voir :

    • Vidéo sur YouTube : "Complémentarité des approches quantitatives et qualitatives dans Biblindex" (L. Mellerin, journée d'études du 27 janvier 2017).
    • S.R. Harmon, “A Note on the Critical Use of Instrumenta for the Retrieval of Patristic Biblical Exegesis”, Journal of Early Christian Studies 11:1 (2003), p. 95-107.

    2.↑ Sur ces sujets, voir :

    • C. Crosnier, L. Mellerin, « La constitution des référentiels bibliques du projet BiblIndex », dans G. Bady, M. Korpel (éd.), Editorial Delimitations of the Scriptures from Ancient Bibles to Modern Readings, coll. Pericopes, Leuven-Paris-Bristol 2020, p. 235-247.
    • G. Bady, « 3 Esdras chez les Pères de l’Église : l’ambiguïté des données et les conditions d’intégration d’un ‘apocryphe’ dans BiblIndex », dans M. Vinzent, L. Mellerin, H.A.G. Houghton (éd.), Biblical Quotations in Patristic Texts, Studia Patristica LIV, vol. 2 (Papers presented at the Sixteenth International Conference on Patristic Studies held in Oxford 2011), Leuven-Paris-Walpole, MA 2013, p. 39-54.
    • G. Bady, « Quelle était la Bible des Pères, ou quel texte de la Septante choisir pour BiblIndex ?», dans M. Vinzent, L. Mellerin, H.A.G. Houghton (éd.), Biblical Quotations in Patristic Texts, Studia Patristica LIV, vol. 2 (Papers presented at the Sixteenth International Conference on Patristic Studies held in Oxford 2011), Leuven-Paris-Walpole, MA 2013, p. 33-37.
    • L. Mellerin, « Methodological Issues in BiblIndex, An Online Index of Biblical Quotations in Early Christian Literature », dans M. Vinzent, L. Mellerin, H.A.G. Houghton (éd.), Biblical Quotations in Patristic Texts, Studia Patristica LIV, vol. 2 (Papers presented at the Sixteenth International Conference on Patristic Studies held in Oxford 2011), Leuven-Paris-Walpole, MA 2013, p. 11-32.

    3.↑ Il n’y a que 6 citations de Baruch 6 dans toute la base de données : il n’est donc pas certain que tous les analystes aient pris en compte la Lettre de Jérémie.

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