Tertullien, Aduersus Hermogenem (HERM)

Œuvre

Titre Aduersus Hermogenem
Titre latin Aduersus Hermogenem
Auteurs Tertullien (155 ? - 235 ?)
Période 198-206
Clavis CPL 13
Thèmes A déterminer
Genres Traité
Description

Le traité de TERTULLIEN, Contre Hermogène (no 439), aborde un problème à la fois philosophique et théologique, que n'a pas cessé de se poser l'homme d'aujourd'hui : celui de l'origine du mal. Faut-il en rendre responsable le Créateur, l'imputer à sa méchanceté ou pour le moins à son impuissance ? Faut-il admettre l'existence d'un principe du Bien et d'un principe du Mal, en lutte l'un contre l'autre ? Chaque époque a posé le problème à sa façon. Au tout début du IIIe s., quand Tertullien rédige son traité contre Hermogène, un chrétien sans doute influencé par les hérésies gnostiques, la réflexion reste encore fortement tributaire des conceptions répandues par la philosophie grecque, notamment celle de la préexistence et de l'éternité de la matière.
Hermogène avait repris à son compte cette thèse, qui lui paraissait la seule solution possible pour expliquer l'existence du mal et faire que Dieu n'en soit pas tenu pour responsable. Pour lui, Dieu n'aurait fait qu'organiser cette matière préexistante, animée de mouvements incohérents, partagée entre ordre et désordre informel, entre le bien et le mal. Cette œuvre de mise en ordre serait pourtant restée incomplète, en raison du caractère infini de la matière, et ce résidu de matière inorganisée serait précisément à l'origine du mal. Contre Hermogène et les diverses sectes philosophiques qui réduisent l'activité du Créateur à celle d'un démiurge, Tertullien formule le dogme de la création ex nihilo. C'est sa première affirmation en langue latine. D'autres, chez les Grecs, l'avaient fait peu auparavant : Théophile d'Antioche, dont Eusèbe de Césarée nous apprend qu'il avait rédigé un traité Contre l'hérésie d'Hermogène, probablement utilisé par Tertullien, et Irénée de Lyon. Tertullien s'efforce donc, dans ce traité polémique et dogmatique à la fois, de ruiner la thèse d'Hermogène : concevoir une matière incréée et éternelle revient à en faire l'égale de Dieu, et contredit de ce fait le dogme d'un Dieu unique; d'autre part, si Dieu a laissé subsister une matière inorganisée, volontairement ou par impuissance, il peut dans ce cas encore être tenu pour responsable de l'existence du mal, et la solution imaginée par Hermogène pour l'en disculper est vaine; enfin toute son argumentation repose sur une interprétation erronée des premiers versets de la Genèse, où l'on ne saurait voir une description de la matière préexistante, ce qui lui enlève toute valeur.
La réfutation d'Hermogène est aussi l'occasion pour Tertullien d'affirmer contre les gnostiques la bonté de la création et de la chair, le mal venant du mauvais usage qu'en fait l'homme, en vertu de son libre arbitre. Faite pour l'homme, la création est aussi un moyen qui lui est donné de connaître Dieu, dont Tertullien s'attache à montrer que l'activité créatrice est en quelque sorte constitutive de son être. Pour lui, création ex nihilo, Incarnation et Résurrection sont les trois articles indissociables de la foi chrétienne: ils constituent le mystère de Dieu.
L'édition de ce traité de Tertullien, due à Frédéric Chapot, Maître de conférences à l'Université Marc Bloch (Strasbourg II), s'accompagne d'un abondant commentaire, qui fait entrer dans une pensée souvent complexe, en raison du sujet traité et de ses implications philosophiques (les notions de matière, de néant relatif et de néant absolu...), mais toujours fortement structurée chez le Carthaginois grâce au cadre que lui fournit la rhétorique classique. Signalons, en fin de volume, l'appendice consacré par F. Chapot à « Tertullien et la peinture » - Hermogène exerçait le métier de peintre: on y trouve une synthèse bien documentée sur la place reconnue à l'art par Tertullien et plus généralement par l'Église chrétienne des premiers siècles.
Avec quinze traités publiés ou en cours de publication, environ la moitié des œuvres de Tertullien est donc aujourd'hui éditée dans la Collection. (J.-N. Guinot)

Édition

Nom Corpus Christianorum – Series Latina 1
Pages 395-436
Année 1954
Volume dans Biblia Patristica BP1
Contributeurs Frédéric CHAPOT, Emil KROYMANN

Autres éditions

Patrologia Latina 2

Migne

Détails
Sources Chrétiennes 439

Éditions du Cerf

Détails

Citations

  • [JB] Ge 1:1
  • [JB] Ge 1:1-2
  • [JB] Ge 1:10
  • [JB] Ge 1:11-12
  • [JB] Ge 1:11

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